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Pourquoi cliquer sur Partager peut-être criminel ? (1/2)

Écrit par Tomena


Vous avez dit intox ?

De nos jours, les Intox font autant sinon plus « La Une » de nos journaux et programmes télé que les infos. Nous en sommes arrivés au point où les chaînes d’info ont innové en créant des rubriques « Info ou Intox » [1], le seul but étant de vérifier (démentir) des intox circulant sur le Net.


Les grandes compagnies du Net font quant à elles appel au « fact checking » (vérification des faits en français) [2] dans le but de détecter et stopper la propagation de ces intox.

Vous avez sans doute remarqué depuis la mise à jour Whatsapp de juillet 2018 que les messages transférés portent la mention « transféré ». Cette nouvelle fonctionnalité était l’une des réponses du réseau social à la lutte contre la diffusion des intox.

Le danger est d’autant plus grand que les réseaux sociaux sont la source d’information d’une grande majorité de personnes. Un sondage réalisé par France Info en février 2019 et dont les résultats peuvent sans aucun doute être extrapolés à des pays d’Afrique révélait que les réseaux sociaux sont la première source d’information chez les 18-34 ans [3].


Ces jeunes qui pour la plupart sont suffisamment crédules, relayent les intox qu’ils reçoivent sans prendre la peine de vérifier la véracité de l’information. Mais qu’est-ce qu’une intox et qu’est-ce qui la différencie de l’info ?

Intox est en fait un néologisme ayant été validé par la commission d’enrichissement de la langue française en octobre 2018. Il est formé à partir des mots information et intoxication [4]. Il est défini comme suit dans le Journal officiel français [5] : « une information mensongère ou délibérément biaisée, répandue par exemple pour favoriser un parti politique au détriment d’un autre, pour entacher la réputation d’une personnalité ou d’une entreprise, ou encore pour contredire une vérité scientifique établie ». Le terme information fallacieuse peut être utilisé de manière interchangeable.



On distingue deux principaux types d’intox :

  • Les informations tronquées : celles-ci peuvent être à la base des informations véridiques, mais qui lorsque sorties de leur contexte ou une fois que c'est le cas, elles peuvent servir à manipuler les esprits.

  • Les rumeurs et trolls : répandre une nouvelle dont l’origine est inconnue et la véracité douteuse [6], contribue à intoxiquer les pensées et dans de nombreuses situations à entacher la réputation de certaines personnalités ou à jouer en faveur d’un parti politique ou d’un autre (comme cela a par été rapporté dans l’élection présidentielle américaine de 2016). Les rumeurs méritent donc bien leur place dans la catégorie d’intox. Elles sont en général délibérément mensongères et visent très souvent à porter atteinte à la réputation de personnalités ou partis politiques.




Les intox et nos biais cognitifs

Ceux qui cherchent à manipuler les esprits savent se servir de nos biais cognitifs. Il faut comprendre par biais cognitif toute forme de pensée qui dévie de la pensée logique ou rationnelle et qui a tendance à être systématiquement utilisée dans certaines situations [7].

C’est l’une des raisons pour lesquelles on croit si facilement à certaines intox. Elles se servent parfois de biais cognitifs comme le biais de confirmation qui est une « tendance à valider ses opinions auprès des instances qui ne les contredisent point, et à rejeter d’emblée celles qui les réfutent » [8], l’effet de halo qui est une perception sélective basée sur une première impression ou encore le biais de pensées qui consiste à focaliser son raisonnement sur des informations représentationnelles plutôt que statistiques.

Cela peut avoir des conséquences désastreuses pour notre société, car les personnes exposées à des fake news ou autres théories du complot auront tendance à croire et rechercher plus d’informations allant dans le même sens que ces informations fallacieuses et seront moins réceptives à la vérité. À titre d’exemple, plus il y a des rumeurs qui font état de la corruption des dirigeants africains et plus les citoyens auront tendance à croire tout renseignements relatifs à un détournement de fonds ou autres pots-de-vin (même si fallacieuse) au détriment de la vérité. Cela a pour retombées une rupture de confiance entre le peuple et ses dirigeants et une montée en puissance de la défiance et de l’indiscipline.


Comme un effet papillon, de « simples » rumeurs peuvent avoir des conséquences désastreuses sur toute une société. D’où l’importance de rester sceptique en ce qui concerne les informations disponibles sur le Net. Internet est comme un grand livre ouvert dans lequel tout le monde a la possibilité d’écrire, y compris des personnes malintentionnées ou juste ignorantes. Il faut donc trier ce que l’on souhaite lire et garder une bonne dose de scepticisme sur la toile, mais pas que...

Si nous sommes ceux qui permettent la propagation de ces intox, nous sommes également ceux qui avons le plus à perdre. Il est en effet plus facile de cliquer sur « partager » et relayer ainsi une intox que de faire l’effort (oh combien difficile !!) de vérifier grâce à un moteur de recherche, la véracité de l’information à notre disposition avant toute chose. Cela semble pourtant être le prix à payer pour mettre fin à ce que je qualifierai de pandémie des informations fallacieuses. Le rôle que nous avons à jouer est très souvent sous-estimé. Nous verrons dans la seconde partie de cet article quel rôle nous pouvons jouer dans la lutte contre les intox.


Sources

[1] Alexandre CAPRON. Info ou Intox. Disponible sur : https://www.france24.com/fr/%C3%A9missions/info-intox/

[2] Facebook (14 juin 2018). Hard Questions: How Is Facebook’s Fact-Checking Program Working? Disponible sur : https://about.fb.com/news/2018/06/hard-questions-fact-checking/

[3] France TVInfo (février 2019). Les réseaux sociaux première source d’info en ligne chez les personnes sensibles aux théories du complot. Disponible sur : https://www.francetvinfo.fr/internet/reseaux-sociaux/info-franceinfo-les-reseaux-sociaux-premiere-source-d-info-en-ligne-chez-les-personnes-sensibles-aux-theories-du-complot_3191963.html

[4] Le Monde (4 octobre 2018). « Fake news » se dira « infox » en français. Disponible sur : https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/10/04/la-traduction-officielle-de-fake-news-sera-infox_5364490_4408996.html

[5] JORF n° 0229 du 4 octobre 2018 — Texte n° 113. Recommandation sur les équivalents français à donner à l’expression fake news. Disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000037460897&dateTexte=&categorieLien=id

[6] Dictionnaire Larousse en ligne. Définition de Rumeur. Disponible sur : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/rumeur/70249?q=rumeurs#69 489

[7] Usabilis (29 juin 2018). Définition : Biais cognitif. Disponible sur : https://www.usabilis.com/definition-biais-cognitifs/

[8] Wikipedia. Biais cognitif. Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Biais_cognitif

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